Et l’homme, aux marionnettes, sifflote doucement une comptine enchanteresse qui les fit s’animer. Il avait mis tant de temps à dessiner leurs silhouettes, à peindre leurs traits, à tailler leurs vêtements qu’il en était amoureux. Il aimait d’un amour sincère ce qu’il avait créé et priait chaque instant qu’elle fut heureuse de lui. Elles étaient trois : deux brunes et une châtain, deux filles et un garçon, deux regards marrons et un regard vert. Chacune ressemblait à l’autre en étant différente, il était fier de lui.
Et, l’homme aux marionnettes, s’il flotte doucement, c’est gonflé d’un amour qui fait battre son cœur bien plus fort que les flots, mais bien plus fort que sa peur, évidemment. Il a choisi si délicatement l’endroit de son salut, une rivière claire. Il les a tant aimées qu’au jour où ont ouvert leurs yeux de perles de bois, il s’est dit qu’il ne vivrait que pour elles. D’abord pour une et rapidement pour deux et quelques longs temps plus tard, enfin surtout pour trois. Mais il n’y peut penser là, où les ténèbres nocturnes peuvent danser en riant et jouer ensemble sous la lune : l’ombre de quelques fourrés, les ombres ceux qui le regardent, et les ombres du pont.
Et, l’homme aux marionnettes, sifflote doucement qu’il a peur de l’absence de ses trois marionnettes, qu’il soit homme ou qu’il soit femme, en fait. Et la femme, aux marionnettes chantonne doucement que ce ne sont plus des marionnettes, ou alors seulement une, les autres sont des adultes…
Ne saute pas, du pont, nous serons, pour toujours et quoique tu nous fasses, tes trois marionnettes, à qui il y a longtemps, tu chantais doucement.